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Orgo-Life the new way to the future Advertising by AdpathwayL'écrivain et éditeur Victor-Lévy Beaulieu s'est éteint dans la nuit de dimanche à Trois-Pistoles. Il avait 79 ans. C'est Mélanie Beaulieu, une de ses deux filles, qui en a fait l'annonce.
Une cérémonie privée se déroulera mardi, mais un autre hommage lui sera rendu le 2 septembre, le jour de sa fête, dans sa maison de Trois-Pistoles.
Considéré comme l'un des grands écrivains du Québec, il laisse une œuvre immense et remarquable. Défenseur passionné de l'indépendance du Québec, il a déclenché avec ses coups de gueule bien des controverses.
Lévy Beaulieu naît le 2 septembre 1945 à Saint-Paul-de-la-Croix, au Bas-Saint-Laurent, dans une famille nombreuse et modeste.
Il est encore jeune lorsque son père abandonne sa ferme et déménage toute sa famille à Montréal-Nord. Le début de son enfance dans la nature, son amour des animaux et ce qu'il considère comme son exil à Montréal marqueront profondément son œuvre.

L'auteur québécois Victor-Levy Beaulieu à l'émission « Le théâtre à la télévision » en 1977.
Photo : Radio-Canada / Jean-Pierre Karsenty
Sa carrière littéraire s’amorce en 1967, quand il remporte le prix Larousse-Hachette pour un essai sur Victor Hugo, à qui il voue une grande admiration.
C'est à cette époque qu'il ajoute le prénom Victor à son nom et devient Victor-Lévy Beaulieu.
Il publie son premier roman Mémoires d'outre-tonneau en 1969.
En tout, ce sont 30 romans, une vingtaine d'essais littéraires et 13 pièces de théâtre, en plus de textes pour le cinéma, la radio et la télévision, qui composent l'œuvre colossale de l'auteur.
Du roman à la télévision
C'est à la télévision que le grand public le découvre par son téléroman Race de monde, diffusé à Radio-Canada de 1979 à 1983.

L'auteur Victor-Lévy Beaulieu, sur le plateau de tournage extérieur du téléroman « L'Héritage » en 1986.
Photo : Radio-Canada / André Le Coz
Il est aussi l’auteur des téléromans à succès L'Héritage, Montréal P.Q. et Bouscotte, diffusés à la fin des années 1980 et au début des années 1990.
L’auteur devient également éditeur en fondant les Éditions VLB, puis les éditions Trois-Pistoles.
Tous les livres que j'ai lus qui m'ont fasciné, séduit, intéressé, je les ai toujours perçus comme des dons que quelqu'un me faisait à moi-même.
Sa langue caractéristique, qu'il puise notamment dans le joual, est unique et toute son œuvre est peuplée d'êtres lucides aux émotions brutes qui expriment ce qu'il appelait l'âme québécoise.

Victor-Lévy Beaulieu a toujours eu une langue caractéristique, qu'il puisait notamment dans le joual.
Photo : Radio-Canada
C'est à Trois-Pistoles, dans la grande maison patrimoniale où il s'installe en 1985, que Victor-Lévy Beaulieu produit la majeure partie de son œuvre, couronnée d'une multitude de prix.
En 1974, on lui décerne le Prix du Gouverneur général pour son roman Don Quichotte de la démanche, qu'il accepte pour pouvoir prononcer un discours nationaliste à la remise de prix (nouvelle fenêtre).
Si je le refusais, personne ne saurait que j'avais refusé le prix. [...] J'ai fait un discours dans lequel je disais pourquoi je l'avais accepté et que mon acceptation, finalement, était un refus. Parce que sinon, ça n'aurait même pas été un acte manqué parce que personne n'aurait su qu'on me l'avait proposé.
L'auteur recevra ensuite trois prix Gémeaux, en 1996 et en 1997, pour les téléromans Montréal P.Q. et Bouscotte. Il se voit décerner le prix Athanase-David en 2001 et le prix Gilles-Corbeil en 2011 pour l'ensemble de son œuvre.
En 2018, il est nommé compagnon de l'Ordre des arts et des lettres du Québec.
La politique au cœur de son œuvre
Victor-Lévy Beaulieu s'est construit une réputation en défendant l'indépendance du Québec avec passion dans son œuvre et sur toutes les tribunes.
Indépendantiste convaincu, il devient membre du Rassemblement pour l’indépendance nationale (RIN) aux côtés de Pierre Bourgault, dès sa fondation en 1960.
Dans un blogue rédigé pour le Huffington Post Québec, Victor-Lévy Beaulieu avoue avoir d'ailleurs été déçu par le sabordement du RIN qui a suivi la fondation du Parti québécois (PQ) en 1968.
Le RIN invitait alors ses membres à se joindre au nouveau parti.
Il craignait alors que René Lévesque ne défende pas les droits des francophones par rapport à ceux des anglophones avec la même fougue que le faisait Pierre Bourgault.

Victor-Lévy Beaulieu en compagnie de Martine Ouellet, alors candidate à la direction du PQ.
Photo : Radio-Canada / Patrick Bergeron
Victor-Lévy Beaulieu milite tout de même pour le PQ, avec lequel il entretiendra une relation amour-haine tout au long de sa vie, ne trouvant pas les positions du parti assez tranchées sur la question nationale et sur celle de la défense de la langue française.
Il est candidat pour le Parti indépendantiste dans la circonscription de Rivière-du-Loup lors du scrutin provincial de 2008.
La même année, il publie La grande tribu et menace de brûler l'ensemble de son œuvre. Il déclare qu'il n'en peut plus de voir le Québec oublier l'indépendance et se bilinguiser de plus en plus.
Il renouvelle sa candidature lors de l'élection partielle de 2009, mais comme indépendant.

Bernard « Rambo » Gauthier rencontre Victor-Lévy Beaulieu dans la demeure de l'écrivain à Trois-Pistoles.
Photo : Radio-Canada
En 2014, il rédige la biographie de Bernard « Rambo » Gauthier, qu'il voit comme l'héritier de grands syndicalistes comme Michel Chartrand ou Théo Gagné.
Un amour pour les animaux
Tout au long de sa vie, Victor-Lévy Beaulieu affectionne particulièrement le contact avec les animaux.
Celui qui se dit du bord des bêtes est désemparé lorsque, dans son enfance, sa famille vend tous ses animaux de ferme lorsqu'elle déménage à Montréal.
Dans le mot "sauvage" il y a quelque chose qui veut dire : qui ne peut pas être apprivoisé, jamais complètement. Ça, d’un certain côté, je trouve que ça me rejoint, ça me ressemble.
Sur sa terre à Trois-Pistoles, il a vécu entouré de chiens, d'oies, de moutons, de chèvres et de chevaux.
Il a d'ailleurs écrit Ma vie avec ces animaux qui guérissent sur la relation qui le liait à ses compagnons à plumes et à poils.
Avec Paul Huot