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Orgo-Life the new way to the future Advertising by Adpathway« La raison avant la passion. » Il s'agit d'une expression célèbre de l'ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau, qui l'a utilisée pour décrire son approche en matière de politique et de gouvernance. C'est également le nom d'une des œuvres les plus célèbres de l'artiste torontoise Joyce Wieland.
En 1968, Mme Wieland s'est inspirée des paroles du premier ministre Trudeau en les transformant en immense courtepointe. On y retrouve de grandes lettres avec de petits cœurs dispersés sur un fond multicolore.
Cette œuvre et sa version anglophone se retrouvent maintenant dans le Musée des beaux-arts de l'Ontario (AGO) dans le cadre de l'exposition Joyce Wieland : À cœur battant. Celle-ci explore la carrière de l'artiste sur cinq décennies.
La co-commissaire de l'exposition, Anne Grace, juge la mise en lumière du travail de Joyce Wieland plus importante que jamais.
Les sujets qui l'intéressaient sont aussi les sujets qui sont très pertinents aujourd'hui. On veut vraiment réaffirmer son importance dans l'histoire de l'art canadien , explique-t-elle.
En effet, tout au long de sa carrière, les œuvres de Joyce Wieland traitaient de l'écologie, les droits des femmes et la souveraineté canadienne. Joyce s'intéressait aussi au bilinguisme et aux droits du Nord.
Joyce Wieland réagissait vraiment à ce qui se passait à son époque et, malheureusement, ces mêmes questions d'identité, de féminisme et d'écologie sont encore plus importantes aujourd'hui.
La défense du français

Anne Grace est la co-commissaire de l'exposition « Joyce Wieland: À cœur battant ».
Photo : Radio-Canada
Dans un coin isolé de l'exposition, on entend une voix grave retentir. En s'approchant, on peut observer une paire de lèvres projetée sur un mur blanc avec des sous-titres en anglais. Il s'agit d'un des films expérimentaux de Joyce Wieland les plus connus, Pierre Vallières.
En 1972, l'artiste s'est rendue à Mont-Laurier avec l'ancienne journaliste Judy Steed pour filmer l’auteur indépendantiste québécois. Dans le court métrage de 30 minutes, M. Vallières récite des textes qu'il avait écrits explicitement pour Joyce Wieland.
Joyce Wieland s'intéressait beaucoup au personnage de Pierre Vallières, ce révolutionnaire québécois qui avait un intérêt pour la justice sociale, la condition des femmes, les personnes autochtones, raconte Anne Grace.
Selon la co-commissaire de l'exposition, Joyce Wieland voulait aussi transmettre le message de Pierre Vallières au Canada anglais.
Elle pensait qu'il était important pour les gens de Toronto de comprendre ce qui se passait au Québec à cette époque. La curiosité et l'idée d'inclure d'autres voix étaient vraiment derrière son choix.
L'importance du bilinguisme ressort aussi dans d'autres œuvres de Joyce Wieland. Dans la salle à côté, il y a deux courtepointes identiques avec les mots I love Canada et J'aime Canada et une série de courtepointes en forme de drapeau canadien.
Une passion pour le Nord

Georgiana Uhlyarik, la co-commissaire de l'exposition « Joyce Wieland : À cœur battant », croit que les thèmes abordés par Joyce Wieland sont toujours d'actualité.
Photo : Radio-Canada
La passion pour la vie dans le nord du Canada et la nature se manifeste aussi dans le travail de Joyce Wieland, remarque Georgiana Uhlyarik, conservatrice du Musée des beaux-arts de l'Ontario et co-commissaire de l'exposition.
À titre d'exemple, l'exposition présente la courtepointe de sept mètres Défendez la terre, créée en 1972 et commandée pour la bibliothèque scientifique du Conseil national de recherches du Canada. C'est un assemblage de morceaux de tissu coloré, de lettres multicolores formant le titre, entouré de petits cœurs sur un fond uni. Le contraste visuel et tactile est caractéristique de son approche artistique.
En 1977, Joyce Wieland se rend à Kinngait au Nunavut. C'est là qu'elle rencontre l'artiste inuit Surusilutu Ashoona, un moment décisif dans sa carrière qui l'amène à réfléchir aux idées coloniales.
Dans le Sud, le Nord est souvent perçu comme étant très loin et très froid, mais Joyce Wieland a voulu représenter la région différemment, observe Mme Uhlyarik. Pour elle, le Nord est plein de fleurs, plein d'animaux, plein de cultures, de langues et de peuples. C'est un lieu plein de magie.
Tout comme sa curiosité pour le Québec, son intérêt pour les communautés nordiques s'inscrit dans sa mission d'unifier les Canadiens. La co-commissaire de l'exposition Anne Grace estime que c'est cette volonté qui a permis à l'artiste de se distinguer.
Elle était vraiment la seule à penser à ces différents sujets, et c'est la raison pour laquelle elle est si importante et si pertinente aujourd'hui. On n'avait pas vraiment compris à quel point elle était à l'avant-garde avant qu'on ne voie ses œuvres réunies dans l'exposition.
Un optimisme inédit

Le travail de l'artiste Torontoise Joyce Wieland est exposé dans le Musée des beaux-arts de l'Ontario jusqu'à l'année prochaine.
Photo : Radio-Canada
L'ouverture de Joyce Wieland se démarque dans les thèmes qu'elle aborde dans son travail, mais aussi dans la variété de styles artistiques qu'elle explore. Georgiana Uhlyarik cite comme exemple le vinyle, la courtepointe, la broderie et la peinture.
C'est important pour elle de découvrir de nouveaux styles, mais le dessin est toujours au cœur de sa pratique , précise Mme Uhlyarik. Elle dessinait sur le film, sur la courtepointe, sur le papier, sur sa peinture. Le dessin, c'est un fils continu pour elle.
Georgiana Uhlyarik ajoute que peu importe les crises politiques qui touchaient le Canada, l'approche de Joyce Wieland était toujours positive.
C'est une artiste qui a une vraie joie de vivre. Elle est optimiste. Elle est généreuse. Elle a un cœur plein de joie.
C'est justement de cet optimisme, pense Georgiana Uhlyarik, dont nous pourrions nous inspirer. Le monde est aussi en crise maintenant. Pour elle, à l'époque, c'était la même chose. Mais elle a toujours choisi de communiquer avec amour , admire Mme Uhlyarik.
L'exposition Joyce Wieland: À cœur battant est à l'affiche jusqu'au 4 janvier 2026 au Musée des beaux-arts de l'Ontario (AGO)