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La surenchère a changé d’adresse. Après Montréal, c’est maintenant Québec qui voit les offres d’achat se multiplier et grimper bien au-delà des prix affichés. Jusqu’ici épargnée, la Capitale-Nationale est devenue, depuis le début de l’année, l’épicentre de la surenchère dans la province : en moyenne, les maisons s’y vendent 37 000 $ au-dessus du prix demandé, et les condos, 17 000 $ de plus.
C’est ce que révèlent les données de Centris pour le premier trimestre de 2025, obtenues par Radio-Canada. Les ventes, regroupées par quartier et par municipalité, incluent à la fois les prix affichés et les montants réellement payés.
Conclusion : la surchauffe touche tous les arrondissements de Québec… mais certains encore plus que d’autres. À Sainte-Foy–Sillery–Cap-Rouge, par exemple, la surenchère moyenne pour les maisons unifamiliales atteint 39 000 $. Le prix moyen s’élève désormais à 683 000 $, en hausse de 41 % depuis 2021.
Après un an d’allers-retours entre Montréal et Québec, l’amour a forcé Claudia St-Pierre à s’établir pour de bon dans la Capitale-Nationale. Son conjoint et elle ont cherché pendant six mois leur perle rare dans Sainte-Foy–Sillery–Cap-Rouge.
En tout, le couple a misé sur quatre propriétés, pour lesquelles huit à dix offres ont été déposées à chaque fois, selon la conseillère en communication marketing.
« Ça va très vite. Il faut prendre la plus importante décision de notre vie en moins de 24 heures. »
— Claudia St-Pierre« Des fois, d’autres acheteurs déposaient leur offre une heure avant la limite, raconte-t-elle. Mais on savait à quoi s’attendre parce qu’on a commencé à chercher quand le marché était déjà comme ça. On se doutait que si on avait un coup de cœur, on irait sûrement en surenchère. »
Cette forte demande s’explique d’abord par un manque de propriétés sur le marché de Québec, mais aussi par une demande latente d’acheteurs qui attendaient la baisse des taux d’intérêt pour lancer leur projet d’achat de maison, selon Charles Brant, directeur du service de l’analyse de marché de l’Association professionnelle des courtiers immobiliers du Québec (APCIQ).
« On l’a vu dans nos sondages : beaucoup de personnes attendaient ce moment pour acheter, et le signal a été envoyé vers la fin de 2024. Les taux ont beaucoup baissé et maintenant, tout se déroule comme prévu. On a vécu un premier trimestre extrêmement dynamique. »
L’analyste estime aussi que la construction immobilière est insuffisante, ce qui se répercute sur l’inventaire, qui ne peut pas répondre à la demande. Ça crée un cercle vicieux : les propriétaires craignent de ne pas réussir à trouver leur prochain nid et ne mettent pas leur propriété sur le marché.
Résultat, les prix montent en flèche. Pour les maisons, ils ont augmenté de 43 % en quatre ans, contre seulement 24 % à l’échelle provinciale. La hausse est encore plus fulgurante du côté des condos, à 52 %, soit une augmentation plus de deux fois plus importante que la moyenne provinciale (20 %).
À venir jeudi
Y a-t-il de la surenchère dans votre quartier? Consultez notre outil interactif demain pour connaître la surenchère et le prix moyen des propriétés par quartier au Québec.
Des maisons vendues en quelques jours
Les courtiers ressentent eux aussi la surchauffe, tant auprès des acheteurs que des vendeurs. « Dès qu’une propriété est inscrite, on reçoit des messages d’autres courtiers qui veulent savoir quand les visites commencent, raconte le courtier immobilier Valéry Chaffiotte. Ils se dépêchent parce qu’ils savent combien le rythme de vente est rapide en ce moment. Ce n’est pas rare qu’une maison soit vendue en 4 ou 5 jours. »
Les propriétés les plus susceptibles de provoquer une surenchère sont, selon le courtier, celles affichées à moins de 450 000 $... surtout si elles sont clés en main. « Quand la maison ne nécessite pas de gros travaux, on peut facilement recevoir une dizaine d’offres », explique-t-il, en raison de l’explosion des coûts de rénovation ces dernières années.
Quelques exemples partagés par deux courtiers immobiliers
« J’ai l’impression qu’aujourd’hui, pour acheter à un prix raisonnable, il faut soit être manuel, soit avoir de bons contacts », confirme Claudia St-Pierre, qui a réussi à mettre la main sur un bungalow en avril.
Même si sa maison n’est pas « au goût du jour », comme dit la nouvelle acheteuse, elle a beaucoup de cachet; un compromis qui lui a permis d’accéder à la propriété tout en respectant son budget. Avant même d’en prendre possession, son conjoint et elle se sont retroussé les manches pour enlever le papier peint et commencer à s’approprier leur nouveau chez-soi.
Ailleurs à Québec, la surenchère frappe certains quartiers en particulier, comme Saint-Émile, dans La Haute-Saint-Charles, et Jésuites, dans Charlesbourg, où les maisons ont été vendues en moyenne 50 000 $ de plus que le prix demandé.
« Ce n’était pas sa vraie valeur »
« C’était la folie furieuse », lance Johanne Verret en repensant à ses deux tentatives d’achat de maison à Québec en avril. Elle a tiré un trait sur son projet après avoir perdu ses deux offres en surench ère, ayant eu l’impression de s'être « laissée emporter ».
« Je ne voulais pas manquer ma chance. Je voyais qu’il y avait beaucoup de visites, qu’on était plusieurs à faire une offre… alors j’ai misé sans condition, sans même avoir consulté les documents de copropriété. »
— Johanne VerretAprès plusieurs décennies sur la Rive-Sud de Montréal, cette ancienne fonctionnaire souhaitait revenir à ses racines, à Québec. La vente de sa maison étant conclue, elle était prête à trouver son prochain nid.
Mais l’expérience l’a refroidie. « Je me suis fait prendre. J’ai offert 350 000 $ pour une maison affichée à 300 000 $… et j’ai fini par le regretter. Ce n’était pas sa vraie valeur », confie-t-elle. Selon sa courtière, la maison a finalement été vendue 75 000 $ au-dessus du prix affiché.
Elle se dit maintenant « écoeurée » par le marché et a choisi de louer son prochain toit. « En voyant le marché de Québec, je me suis dit : peut-être qu’au lieu de me stresser, mettre de l’argent sur des rénos qui vont coûter un bras, c’est le bon moment pour faire autre chose, comme voyager. »
Laurianne Croteau journaliste de données, Daniel Blanchette Pelletier chef de pupitre, Louis-Philippe Bouvier et Francis Lamontagne designers, André Guimaraes et Mathieu St-Laurent développeurs