Un peu moins d’un an après avoir marqué les esprits en apparaissant nu, le corps peinturé de bleu, lors de la cérémonie d’ouverture des JO, Philippe Katerine est de passage au Québec pour faire vivre son univers fantaisiste et poétique lors de deux concerts dans le cadre des Francos de Montréal, mais aussi avec son livre Mes dessins mignonistes, qui sort jeudi. 

Chanteur, dessinateur, mais aussi comédien, Philippe Katerine sera sur la scène du MTelus mercredi et jeudi soir. Entouré de cinq musiciens, l’artiste français y fera entendre ses succès Louxor, j’adore et La banane, mais aussi les chansons de son album Zouzou – du nom de sa chienne – sorti l’an dernier et sur lequel figure Nu. 

Ce titre est une ode à la nudité, mais aussi un hymne à la paix. C’est la meilleure façon de montrer qu’on n’a pas d’armes, explique-t-il.

Entouré de drag queens, Philippe Katerine a interprété Nu, tel un Schtroumpf (quasiment) en tenue d’Adam, lors de la cérémonie d’ouverture des JO de Paris dans un tableau, inspiré du banquet de Bacchus, mais que certains ont interprété comme une parodie de la Cène, et donc une moquerie des chrétiens.

Il y en a qui se voient partout, c’est un grave péché. Je parle des croyants que je suis, indique celui qui a grandi dans un milieu catholique.

Plusieurs personnes impliquées dans cette cérémonie qui a fait polémique, dont le metteur en scène Thomas Jolly, ont reçu des menaces de mort après l’événement. Cela n'a pas inquiété Philippe Katerine, qui ne lit pas ce qui s’écrit en ligne à son sujet. Peut-être que c’est ça qui me préserve. L’ignorance a du bon, lance-t-il.

Aux Jeux olympiques de Paris, Philippe Katerine est apparu en Dionysos bleu pailleté, ce qui a déplu à certains, mais en à fait sourire d'autres.

Photo : Getty Images / AFP / LUDOVIC MARIN

En librairie, à la radio et au cinéma

En plus de rédiger et de composer des chansons pour lui ou pour les autres, Philippe Katerine dessine. Il manie le feutre tous les jours depuis qu’il est enfant.

Ça reste pour moi une hygiène de vie pour mieux comprendre ce que je vois. Tenir un crayon permet de regarder.

Réunissant ses dessins préférés de ces 50 dernières années qui ont échappé à la poubelle, son ouvrage Mes dessins mignonistes arrive dans les librairies canadiennes jeudi. 

L’an dernier, celui qui a créé le mignonisme – un courant artistique basé sur l’émerveillement et la beauté de la simplicité – était venu installer, à Montréal pour l’été, une série de sculptures roses en forme de gros bonhommes baptisés les Monsieur Rose.

Entre-temps, il a pris beaucoup de plaisir à signer, chaque semaine, une série de chroniques décalées à la radio France Inter – l’équivalent français d’ICI Première – et a présenté, au dernier Festival de Cannes, L’aventura, de Sophie Letourneur. Un film sur l’extrême quotidien, selon ses mots, dans lequel il joue un papa.

Chez Philippe Katerine, les différentes formes d’art se font poreuses. Quand je fais un dessin, ça fait avancer une chanson. Quand je fais une chanson, ça fait avancer un dessin. Quand je fais du cinéma, ça régénère le tout, raconte l’artiste français.

Tout avance sans hiérarchie ni frontière, met-il en avant.

Philippe Katerine a imaginé «Le mignonisme», une série de sculptures roses en forme de gros bonhommes installées à Montréal pendant l'été 2024.

Photo : Radio-Canada / Tanya Beaumont

Bientôt un nouvel album?

Philippe Katerine n’est pas le véritable nom de cet artiste iconoclaste, mais celui qu’il a choisi il y a plus de 35 ans pour se donner la force de faire ce qu’il n’oserait pas sinon. Quelque chose me disait qu’il ne fallait pas mêler ma famille à tout ça et j’ai bien fait, raconte-t-il.

[Philippe Katerine] est un personnage qui fait partie de moi, et moi je fais partie de lui, confie celui qui se dit particulièrement ennuyeux dans la vie de tous les jours. Avec cette identité, je me permets des choses que je ne me permets pas du tout dans la vie, [comme chanter nu aux JO].

Original, Philippe Katerine a insufflé sa fantaisie à la dernière cérémonie des Victoires de la musique, qui a célébré ses 40 ans en février dernier.

Photo : afp via getty images / BERTRAND GUAY

Après sa tournée Zouzou Tour qui l’a mené dans neuf arénas de France, Philippe Katerine sent poindre l’envie pressante de reprendre la plume. Ça fait longtemps que je n’ai pas fait de chansons, ça frappe à la porte, assure-t-il.

Au bout d’un moment, je suis obligé d’ouvrir, donc les chansons entrent dans la pièce. J’essaie de leur faire une place pour qu’elles soient bien, de leur offrir un drink, dit-il pour expliquer son processus de création de nouvelles chansons qui s’étale généralement sur trois ou quatre mois. 

Est-ce qu’il y en a qui s’installent longtemps ou il y en a qui s’en vont tout de suite? On ne peut pas maîtriser ce genre de chose, ajoute cet amateur de la musique d'Hubert Lenoir et du projet Les Louanges.

Vieillir, une chance inouïe

À 56 ans, Philippe Katerine est heureux de vieillir, lui à qui les médecins ne prédisaient pas une longue vie en raison d’une malformation cardiaque, dont il a fini par être opéré à l’âge de huit ans.

C’est incroyable que je sois là devant vous, dit celui qui se considère comme un survivant. 

C’est une chance inouïe [de vieillir], ajoute-t-il. C’est pour ça qu’on se lève de plus en plus tôt quand on vieillit, car on comprend à quel point c’est un miracle de voir un nouveau jour.

Avec les informations de Nabi-Alexandre Chartier et l'entrevue à l'émission Pénélope