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Deux ans après la sortie de Nos vies d’avant (Past Lives), nommé deux fois aux Oscars, la cinéaste canado-coréenne Celine Song sort, vendredi, L'entremetteuse (Materialists). Une comédie dramatique qui s’intéresse aux rencontres amoureuses à une époque où, à New York, trouver sa moitié est souvent une affaire de cases à cocher.
Celine Song avait déjà commencé à écrire L'entremetteuse avant même la sortie de son premier film, Nos vies d’avant, en salle. J'aimerais m'être dit : "Oh là là, j'ai fait Nos vies d’avant, et maintenant, quel est mon prochain coup?”, confie-t-elle, lors d'un appel virtuel depuis son domicile new-yorkais.
Mais non, c’est pour s’occuper en attendant la première de Nos vies d’avant, au Festival du film Sundance, en 2023, que la réalisatrice et scénariste a imaginé la comédie romantique L'entremetteuse.
J'ai vécu une période étrange de six mois où je perdais un peu la tête. Je me suis dit : "Il faut vraiment que j'utilise ce temps pour faire quelque chose de productif de ma vie", car j'attendais simplement la sortie de mon film. J'ai donc écrit [L’entremetteuse] en pensant à l'époque où j'étais entremetteuse.
Le passé d’entremetteuse de Celine Song
Au début de la vingtaine, alors qu'elle tentait de percer comme dramaturge à New York, Celine Song a travaillé dans une agence de rencontres pour payer ses factures. Ce qui n'était au départ qu'un emploi alimentaire est devenu une fenêtre inattendue sur l'amour moderne.
Quand on parle de rencontres amoureuses et de la personne qu'on recherche comme partenaire, la liste se résume à la taille, au poids, au revenu, au travail… Tout ce qu'on peut imaginer comme critères, explique Song.
Et puis on réalise qu'aucune de ces choses n'a vraiment de rapport avec l'amour. J'aimerais que ce soit le cas pour pouvoir jouer avec, comme on joue avec tout le reste, mais en vérité, on ne peut pas jouer avec. L'amour est quelque chose qui vous arrive. C'est aussi ancien et sacré que ça l'a toujours été.

La cinéaste Celine Song avec les acteurs Dakota Johnson et Chris Evans sur le tournage du film « L'entremetteuse » (« Materialists »)
Photo : Atsushi Nishijima
Dakota Johnson, Pedro Pascal et Chris Evans à l’affiche
Dans L'entremetteuse, Dakota Johnson incarne Lucy, une entremetteuse qui s'adresse à de riches New-Yorkais aux critères très précis. Lorsqu'elle rencontre Harry (Pedro Pascal), un riche et charmant gestionnaire de fonds d'investissement, elle entrevoit le partenaire idéal pour quelqu'un d'autre.
Toutefois, Harry jette son dévolu sur Lucy. Les choses se compliquent encore lorsque l'ex de Lucy, John (Chris Evans), un acteur en difficulté qui la comprend encore profondément, réapparaît.
Celine Song explique que le film est en partie une critique de l'approche actuelle des applications de rencontre, qui permettent un balayage des profils.
C'est effrayant! s'exclame-t-elle à propos des applications de rencontre. C'est de plus en plus ludique de jour en jour.
Song se considère comme une romantique à l'ancienne. L'entremetteuse explore ainsi la tension entre la compatibilité de type case à cocher et ce sentiment profond et inexplicable qui dit : Je crois que c'est une personne avec qui je veux vieillir, décrit-elle.
L'amour est le seul grand mystère de la vie humaine que nous ne pouvons résoudre, et nous ne pouvons pas le transformer en algorithme, peu importe nos efforts.

Dakota Johnson incarne une jeune célibataire new-yorkaise dans le nouveau film de Celine Song.
Photo : VVS Films
Une vision matérialiste de l'amour
Celine Song est née en Corée du Sud et a déménagé à Markham, en Ontario, avec sa famille, à l'âge de 12 ans. Elle a emménagé à New York en 2011 pour obtenir une maîtrise en écriture dramatique et dit avoir été frappée par le côté direct des rencontres à New York.
La culture des rencontres à New York est tout simplement différente de celle du Canada. Et j'ai adoré. C'est très direct et peu poli, raconte-t-elle.
Il s'avère que cette attitude sans filtre lui convient parfaitement.
Je n'étais pas polie et ça m'a valu beaucoup d'ennuis au Canada, se remémore-t-elle en riant, soulignant sa propension à s’exprimer avec des jurons.
À New York, elle a non seulement trouvé la liberté de jurer, mais aussi son mari, le scénariste Justin Kuritzkes, qu'elle a rencontré à 24 ans. Elle se souvient s'être sentie comme une exception parmi son cercle d'amis, tous tournés vers leur carrière.
J'étais la plus jeune de mon groupe d'amis à me marier. La plupart de mes amis avaient leur premier enfant à l'approche de la quarantaine, raconte Song, aujourd'hui âgée de 36 ans.
À New York, vu la difficulté de payer son loyer, je pense qu'il est tout simplement intenable d'entretenir une relation superficielle avec son travail. Il faut que le travail soit toute ta vie… Lucy est aussi tellement obsédée par son travail, ce qui, je pense, est compréhensible pour tant de travailleurs.
Au-delà du portrait d'une célibataire dans la mi-trentaine que dresse le film, Celine Song affirme que L'entremetteuse reflète la réalité en plaçant les considérations financières au cœur des relations amoureuses modernes.
J'ai l'impression que les médias sont tellement polis avec l'argent qu'il était donc très important pour moi que le film nous montre combien chacun gagne et quel genre de logement il possède, explique-t-elle.
Pourtant, malgré le titre du film en anglais, Song considère l'approche matérialiste de l'amour comme fondamentalement imparfaite.
On ne peut pas y mettre beaucoup d'argent. C'est une situation impossible, d'une certaine manière. La seule chose qui fonctionne, c'est la même chose que dans la religion : il faut faire un acte de foi, soutient-elle.
Il faut se lancer chaque jour. Et c'est tout simplement magnifique et très courageux.
Avec les informations de La Presse canadienne