L’ancienne animatrice de MusiquePlus et de MuchMusic Juliette Powell est décédée subitement des suites d’une méningite bactérienne aiguë le 3 juin dernier, à l’âge de 54 ans. La Canado-Américaine était également journaliste, experte en médias, éthicienne des technologies, conseillère en affaires, autrice et conférencière.

Née à New York en 1970, Juliette Powell a déménagé à Montréal à l’âge de huit ans avec sa mère d'origine franco-canadienne. Alors qu’elle étudiait au Collège Vanier, elle est devenue, en 1989, la première femme noire à remporter le concours Miss Canada. Elle a également représenté le Canada au concours Miss Univers.

Elle s’est ensuite tournée vers les médias, devenant VJ pour MusiquePlus en 1992, tout en étudiant la finance à l’Université McGill. Elle a notamment animé l’émission Bouge de là! jusqu’en 1996, avant de déménager à Toronto et de rejoindre MuchMusic, où elle a animé les émissions Electric Circus et French Kiss, tout en étudiant l’économie à l’Université de Toronto.

J'ai côtoyé Juliette Powell pendant quelques années à MusiquePlus. Très gentille, de belles discussions. Elle savait bien diriger son plateau de Bouge de là! les vendredis soirs, a écrit sur Facebook Mike Gauthier, animateur au 94,3 FM et ancien collègue de Mme Powell à MusiquePlus.

Elle a aussi fait connaître les artistes québécois au ROC (Rest of Canada) avec l'émission French Kiss à Much Music. Plusieurs ne lui ont pas donné la reconnaissance qu'elle méritait, elle a fait souvent l'objet de moqueries.

En 1999, Mme Powell a commencé à travailler pour la chaîne CP24 en tant que journaliste économique, avant de fonder la société de médias et de conseils Powell Internationale Entertainment Inc., qui a notamment produit des documentaires sur Nelson Mandela, Janet Jackson, Steven Spielberg et Richard Branson.

Une carrière aux confins des médias, de la technologie et de l’éthique

Au tournant des années 2000, elle commence à s’engager dans le domaine de la technologie et de l’éthique. En 2001, elle a d’ailleurs corédigé la section sur les médias pour le Plan d’action des Nations unies lors de la Conférence mondiale contre le racisme. Cela l’a menée à occuper des fonctions de conseillère auprès d’institutions internationales comme les Nations unies, le Forum économique mondial et la Banque mondiale.

Juliette Powell est également intervenue à plusieurs reprises sur des chaînes comme NBC, CNN, ABC, BBC et BNN, invitée à commenter des sujets comme la protection de la vie privée, la cybersécurité et les biais inconscients.

En 2021, elle est devenue enseignante à l'Université de New York, donnant des cours à l’intersection des médias, de la technologie et de l'éthique.

Son livre 33 Million People in the Room (2009), qui traite des applications commerciales des médias sociaux, a été traduit en plusieurs langues. Son dernier livre, The AI Dilemma (2023), s’intéresse aux implications éthiques, sociales et pratiques de l’intelligence artificielle.

« Pendant plus de vingt ans, nous avons passé du temps ensemble aux quatre coins du monde. Nous avons parlé de tant de choses. Tu étais une citoyenne du monde dans le vrai sens du terme [...], tout ce que j’entends par le mot "transculturel" », a écrit le journaliste et entrepreneur Claude Grunitzky, ami de longue date de Juliette Powell, sur un site rassemblant des témoignages en son honneur.

« Tu étais une penseuse profonde. Une enseignante pour quiconque avait la chance de s’asseoir en face de toi. »