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Orgo-Life the new way to the future Advertising by AdpathwayLa demande pour le homard a explosé au cours des années. Le prix des permis de pêche aussi. Pour les jeunes qui veulent mettre le cap sur cette industrie, les défis financiers sont nombreux.
Il est 4 h, le matin. Le capitaine Michaël Noël démarre son bateau, L’Océane III, au quai d'Inkerman, dans la Péninsule acadienne, au Nouveau-Brunswick. Ses hommes de pont s'occupent à préparer les appâts.
Au même moment, son père, Émilien Noël, se prépare aussi à prendre la mer dans son embarcation, le Michaël-Daniel.
Le pêcheur de 43 ans a acheté son propre permis de pêche il y a environ 20 ans après avoir vu une petite annonce dans le journal francophone provincial, L’Acadie Nouvelle. Le prix : 150 000 $, y compris le bateau.
Michaël croit aujourd’hui pouvoir vendre son permis pour 1,4 million $, sans le bateau.
La pêche est l’un des principaux moteurs économiques de la Péninsule acadienne.
Quand les saisons de pêche au crabe ou au homard commencent, tout le monde travaille dans la Péninsule, selon l’Acadien.
« Les premières années, il n’y avait pas beaucoup de homard. Moi, je pêchais et j’avais une autre petite jobine pour le reste de l’année. On ne faisait pas beaucoup d’argent avec ça, mais là, ça va mieux. »
Le capitaine de L’Océane III admet qu’il sera par contre difficile pour la relève de se procurer un permis et d'avoir sa propre entreprise de pêche.
Le montant élevé demandé pour un permis est un grand obstacle pour celles ou ceux qui veulent opter pour une telle carrière.
Émilien Noël a acheté son permis pour la modique somme de 50 cents, il y a 60 ans. Il accoste son bateau au quai d’Inkerman peu de temps après celui de son fils.
Âgé de 75 ans, il court aider ses hommes de pont à amarrer son embarcation. Il aide aussi à décharger la cargaison après sept heures en mer.
« Je ne peux pas arrêter, on dirait. J'aimerais arrêter, mais je ne sais pas ce que je vais faire après ça. »
Émilien Noël croit par contre pouvoir vendre son permis quand il le voudra, mais reconnaît lui aussi que ce serait complexe et surtout très cher pour les jeunes qui veulent faire ce métier. C’est d’valeur pour la jeunesse qui va embarquer là-dedans, avoue le père de Michaël.
Ariane Godin, au quai d’Anse-Bleue, est de cette jeune génération. Cette saison, elle remplace son père à la barre du Star J, un acronyme pour les membres de sa famille.
Âgée de 22 ans, elle partage des images des levers de soleil en mer sur TikTok, où elle cumule des milliers de visionnements.
Celle qui est également travailleuse paramédicale n’est pas certaine de vouloir se lancer dans la pêche au homard. Il y a l'instabilité du milieu et la question de la retraite.
« Avant ça, ils donnaient ça à leurs garçons et ça continuait de même. Mais là, astheure, puisque ça vaut vraiment cher… Comme mon père, c’est dur de donner quelque chose à moi et de ne pas donner l’équivalent à mon frère et ma sœur. »
Cette saison, elle peut remplacer son père en tant que capitaine substitut puisque son père ne peut pas prendre la barre pour des raisons médicales.
C’est l’une des nombreuses règles qui encadrent la possession d’un permis.
À l’Union des pêcheurs des Maritimes (UPM), le dossier du prix des permis de pêche est d’ailleurs épineux. D’un côté, on veut que les pêcheurs puissent prendre leur retraite confortablement en vendant leur entreprise. D’un autre côté, on reconnaît qu’il y aura un problème intergénérationnel.
Ce n'est presque plus abordable pour un jeune pêcheur de s’acheter une entreprise de pêche, affirme Luc LeBlanc, conseiller aux pêches à l’UPM.
« C’est difficile, à ces prix-là, de rentabiliser une entreprise de pêche quand on l’a payée deux millions de dollars. C’est vraiment difficile. »
Le capitaine peut aussi vendre son entreprise familiale à ses enfants, souvent à un prix inférieur à sa valeur. Dans ce cas, l’acheteur n’a pas à payer d’impôt sur la transaction jusqu’à concurrence de 1,3 million de dollars. Ces règles sont en place pour encourager l’aspect intergénérationnel de la pêche.
Le détenteur peut aussi laisser en héritage ou donner son permis à l’un de ses enfants, mais selon l’UPM, peu de capitaines le font puisqu’ils dépendent de la vente pour leur retraite.
C’est aussi difficile de vendre un permis. Des règles obligent les acheteurs à habiter la région adjacente à la zone de pêche.
La relève semble se faire de plus en plus discrète.
Les inscriptions au programme régulier de l’École des pêches du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick sont en baisse. En 2018–2019, 28 personnes étaient inscrites au programme. En 2024-2025, ils étaient 11.
Même si Michaël Noël pourrait obtenir plus d’un million de dollars pour son permis, le capitaine, tout comme son père, n’est pas près d’arrêter de naviguer.
« Ce n’est pas un métier, je crois. C’est plus une passion pour moi. [...] Tant que je vais être en vie, je vais pêcher. »
Les beaux paysages et les levers de soleil y sont aussi, sans doute, pour quelque chose.