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Orgo-Life the new way to the future Advertising by AdpathwayLe thème de la perte est au cœur de la démarche artistique de Judith Bellavance… et de sa vie professionnelle. Artiste visuelle, elle œuvre également dans le milieu funéraire comme thanatopractrice depuis six ans.
Ça fait longtemps que je vais dans les cimetières et que je m’intéresse aux choses qui s’estompent, qui disparaissent, souligne celle qui expose dans des galeries depuis maintenant 40 ans. C’est vraiment mon travail de création autour de la perte qui m’a donné envie de retourner à l’école [en thanatologie]. L’ultime perte, c’est la vie.
Présentée à la galerie Montcalm, à Gatineau, son exposition Le destin posthume des corps s’intéresse à la disparition et au deuil.
Comment garder le souvenir de quelqu'un, en sachant que ça va s’estomper doucement et que les gens finiront par partir pour de bon?
Une métaphore de la vie

Près de 2 500 fleurs sont piquées sur le mur de la galerie Montcalm.
Photo : Radio-Canada / Marika Bellavance
En entrant dans la galerie, impossible de rater ce grand mur beige sur lequel sont accrochées près de… 2 500 fleurs séchées. Enfilées dans des épingles, les tiges donnent l’impression d’être collées délicatement – voire de flotter – contre le mur.
Au total, environ quatre jours auront été nécessaires pour tout installer. C’est très méditatif et ça demande beaucoup de patience, rigole Judith Bellavance.
Mais elle n’a pas choisi ces fleurs au hasard. Chacune d’entre elles a déjà accompagné un défunt. L’artiste les collecte depuis six ans.

Pour l’artiste Judith Bellavance, chaque fleur représente un individu décédé.
Photo : Radio-Canada / Marika Bellavance
J’ai commencé à voir des fleurs dans les poubelles, parce que dans certains rituels, il y a énormément de fleurs et les gens ne peuvent pas toutes les ramener à la maison, explique la Rimouskoise d’origine. Pour elle, leur fragilité évoque la précarité et la beauté de la vie.
C’est comme un cimetière, pour moi, le mur. Il fait référence à tous ces gens qui sont disparus.
Rester vivant dans la mémoire
Tout près, des photographies en noir et blanc montrent des visages recouverts d’un pétale. Ce sont des images de médaillons apposés sur des pierres tombales, parfois utilisés pour commémorer un défunt.
Ces photos ont vraiment été prises directement au cimetière. Je trouvais des portraits et je collais des pétales pour préserver l’anonymat des personnes. Ça aussi, c’est une ode à la vie, fait valoir l’artiste.

Des portraits de défunts sont recouverts de pétales de fleurs pour conserver leur anonymat.
Photo : Radio-Canada / Marika Bellavance
Au-delà de la mort, Judith Bellavance se questionne sur la mémoire et les souvenirs. On enterre quelqu’un dans un cimetière et on va se recueillir, mais jusqu’où réussit-on à maintenir les disparus vivants dans nos cœurs?, se demande-t-elle.
Tant que quelqu’un va penser à moi quand je vais mourir, c’est peut-être ça, l’éternité.
Plus loin, d’autres photos évoquent la transformation des corps et le passage du temps. Par exemple, des mots sont recouverts de lichen.

Selon l’artiste Judith Bellavance, le lichen sur les pierres tombales est un symbole du temps qui passe.
Photo : Radio-Canada / Marika Bellavance
Au contact de ses œuvres, l’artiste espère que les visiteurs ressentiront un certain sentiment de paix par rapport à la finalité de la vie. On est dans un monde qui est beaucoup dans le déni de la mort. On n’y fait pas vraiment face et on ne s’y prépare pas non plus, déplore-t-elle.
Mais quand on comprend que ça va nous arriver, je pense qu’on profite encore plus de la vie, renchérit l’artiste.
Pour y aller :
Le destin posthume des corps de Judith Bellavance
À la galerie Montcalm, Gatineau
Jusqu’au 6 août