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Orgo-Life the new way to the future Advertising by AdpathwayUn ex-cadre de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) a admis avoir manipulé un appel d'offres pour favoriser l'embauche d'un consultant externe.
C'est ce qu'a affirmé Sylvain Cloutier lors de son témoignage lundi à la commission Gallant, qui a entamé sa sixième semaine de travaux sur le fiasco SAAQclic.
L'ancien cadre, entré en 2015 à la SAAQ, agissait à titre de directeur de bureau de projets dans le projet d'implantation de la plateforme, une fonction dans laquelle il s'est ramassé du jour au lendemain, et de manière intérimaire, a-t-il expliqué au commissaire Denis Gallant, à la suite du départ de la précédente directrice pour des raisons qu'il a dit ignorer.
Dans son témoignage, Sylvain Cloutier a confirmé avoir manipulé un appel d'offres de plus d'un million de dollars pour que soit embauché le consultant externe Stéphane Mercier.
C'est tout à fait le cas, a admis Sylvain Cloutier au sujet de l'appel d'offres dirigé, et c'était mon erreur à moi.

Sylvain Cloutier, ancien cadre à la SAAQ.
Photo : Commission d'enquête sur la gestion de la modernisation des systèmes informatiques de la Société de l'assurance automobile du Québec
Selon M. Cloutier, l'apport de ce consultant externe était indispensable du fait qu'auparavant, ce dernier s'était occupé d'un autre projet de gestion informatique pour la SAAQ.
Le nom de Stéphane Mercier a déjà été cité à la commission Gallant, fin mai, lorsqu'il avait été expliqué que de nombreux proches de Karl Malenfant [l'ex-vice-président à l’expérience numérique de la SAAQ] avaient été les seuls à se qualifier pour une série d’appels d’offres. Des contrats qu’ils avaient obtenus de facto.
Lundi, le témoin Sylvain Cloutier a évalué à 1,2 million de dollars l'enveloppe initiale pour l'embauche de Stéphane Mercier. Une somme qu'il avait ainsi décortiquée à la demande de M. Malenfant : Écoute, Karl, c'est pas compliqué, j'ai pris le taux de Stéphane [Mercier], fois le nombre de jours, fois cinq ans, et j'arrive à ce montant-là.
Je suis dans la schnoute
Sauf que, par la suite, Sylvain Cloutier a appris que la candidature tant prisée du consultant externe n'avait pas l'approbation de l'Autorité des marchés financiers (AMP). Sylvain Cloutier dit avoir alors paniqué et fait baisser le montant de l'appel d'offres à 990 000 $.
Sylvain Cloutier a expliqué au commissaire Gallant qu'il ignorait ce qu'était l'approbation de l'AMP, n'ayant jamais géré de contrat de cette ampleur.
J'ai fait ça dans l'intention de ne pas retarder le projet, s'est défendu lundi Sylvain Cloutier, affirmant ne pas avoir répondu à une demande de Karl Malenfant. Je ne dis pas que ça a été correct ce que j'ai fait, mais je le prends sur moi. Je prends le blâme.
Je n'ai pas reçu de pot-de-vin, je ne suis pas allé faire des voyages de pêche ou me promener sur un voilier, on n'est pas là-dedans.
Face à cet appel d'offres dirigé, Sylvain Cloutier se souvient de s'être fait dire par une collègue qui le voyait paniquer : Voyons, Sylvain, qu'est-ce que tu fais là?
J'ai pas le choix, dit-il avoir répondu. Si j'ai pas ce gars-là [Stéphane Mercier], je suis dans la schnoute.
Un virage numérique chaotique
Aux questions du procureur de la commission, Vincent Ranger, M. Cloutier a répondu à plusieurs reprises lundi que ses souvenirs n'étaient pas précis, par exemple, au sujet des problèmes de conversion de données ou de la reddition de comptes.
Ou encore, de l'existence d'une réserve pour des travaux additionnels. Existait-il un budget? a demandé le procureur Ranger. Heu oui, c'était de l'ordre de 46 à 50 millions [de dollars] dans ces eaux-là, a avancé M. Cloutier.
Dès mai 2018, a aussi relevé le procureur Ranger, est-il possible que 16 M$ aient déjà été engagés pour des travaux additionnels?
Heu, c'est ce que je comprends, a répondu M. Cloutier, se souvenant que, dès 2018, le virage numérique à la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) avait été chaotique.
Le commissaire Gallant a suggéré au témoin que, lorsque les choses deviennent de plus en plus chaotiques, la reddition de comptes n'est-elle pas importante, pour que ça le dise que ça ne va pas bien?
Je dis chaotique... Il y avait des éléments qui, selon moi, ne fonctionnaient pas.

Le commissaire Denis Gallant (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
M. Malenfant, un homme d'expérience
D'après ce dont se souvient Sylvain Cloutier, devant les problèmes qui se révélaient au fur et à mesure que le projet avançait, Karl Malenfant avait des explications.
Ce dernier dirigeait CASA – le grand projet de refonte des systèmes informatiques de la SAAQ, qui comprenait entre autres la plateforme SAAQclic.
Il [ Karl Malenfant] ne cachait pas les problèmes et répondait aux questions. Il venait expliquer, pas nuancer, mais rassurer à certains égards.
M. Malenfant, c'est un homme d'expérience qui avait fait des projets d'envergure chez Hydro-Québec, chez Rio Tinto, a dit encore Sylvain Cloutier. On le voyait, il savait de quoi il parlait.
Mais, admet M. Cloutier, les choses ne fonctionnaient pas rondement avec l'Alliance, le soumissionnaire qui avait remporté l'appel d'offres pour la réalisation du projet CASA et qui était composé de la firme informatique LGS (propriété d'IBM) et de l'éditeur de logiciel SAP.
On voulait faire un projet en "mode agile", mais quand l'Alliance est arrivée, on n'était pas dans ce mode-là pantoute.
Avec les informations de La Presse canadienne