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Québec se trompe : les surplus des cégeps n’en sont pas, dit leur fédération

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L’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur Pascale Déry, remplacée en septembre par Martine Biron, avait répété à plusieurs reprises depuis le printemps que les cégeps avaient des « surplus » dans lesquels ils n’avaient qu’à puiser pour absorber leur manque à gagner de 151 M$ dans le réseau collégial.

Elle avait même affirmé ne pas avoir l’intention de leur accorder le réinvestissement demandé pour cette raison.

Encore jeudi à la période des questions à Québec, la ministre Sonia LeBel, qui remplaçait la ministre Biron en chambre, soutenait que les cégeps avaient des surplus cumulés de 235 millions de dollars pour l’année 2025-2026, concluant qu’il y avait ce qu’il faut sur le terrain et que c’était leur responsabilité de gérer les fonds publics de façon adéquate.

Cette présentation de la situation frustre bien des directeurs généraux de cégeps, qui estiment qu’elle induit la population en erreur.

Plusieurs directeurs généraux de cégeps rencontrés ont expliqué que ces surplus, ou soldes de fonds dans le jargon collégial, sont en fait en majorité des sommes générées par des revenus autofinancés (donc non gouvernementaux), le plus souvent déjà engagées dans des projets. Ce coussin financier, font-ils valoir, est en fait un signe de saine gestion budgétaire.

Des projets en péril

La cafétéria du Collège Lionel-Groulx dans les Laurentides avait été prévue pour un cégep de 3000 étudiants. Mais la population étudiante est en véritable explosion : elle a augmenté de 20 % en deux ans et dépasse les 5000 étudiants.

La cafétéria, comme la bibliothèque et les résidences étudiantes, est donc trop petite et désuète.

Quand on a des travaux qui coûtent cher comme ça, il faut accumuler pendant quelques années des montants aux soldes de fonds pour être capable de les réaliser, explique le directeur général du cégep, Philippe Nasr.

Mais tous ces projets pourtant bien nécessaires sont en danger, indique-t-il. Parce que les sommes qu’il avait réussi à dégager pour les réaliser devront peut-être être redirigées pour assurer le maintien des services directs aux étudiants.

On essaie d’être créatif et résilient, mais ce n’est pas facile. Au quotidien, ça met énormément de pression sur nos équipes et ça se vit difficilement.

Il reproche au gouvernement de laisser croire à la population que les cégeps ont des surplus parce qu’ils ont reçu un surplus de financement de Québec. Au contraire, le financement gouvernemental ne répond pas à l’ensemble des besoins actuellement. Il est insuffisant année après année, rectifie Philippe Nasr.

Les soldes de fonds qu’on a, c’est des sommes générées par des activités autonomes, des revenus de résidences, de stationnement, de cafétéria, rappelle celui qui plaide pour un financement gouvernemental plus stable.

Ne pas couler en cas d’imprévus

Le directeur général du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue, Dany Mercier, utilise les expressions imagées réserve stratégique, compte épargne ou encore fonds de prévoyance pour bien faire comprendre le rôle du solde de fonds.

Son solde de fonds a justement… fondu comme neige au soleil récemment. Il a dû puiser 750 000 $ dans sa réserve stratégique pour lui permettre d’équilibrer son budget, qui aurait autrement été déficitaire. Bref, le manque de financement de Québec fait mal.

Je ne pourrais pas [compenser de la sorte] une autre année parce que j’ai des choses à rénover, j’ai des obligations contractuelles, j’ai une résidence à rénover, énumère Dany Mercier.

Se priver de telles sommes dans sa réserve stratégique rend son établissement plus vulnérable et moins flexible face aux imprévus, affirme-t-il. Ça nous empêche de faire face à des urgences de construction ou à des bris d’équipement majeurs, qui ne sont évidemment pas budgétés à l’avance.

Le directeur général du Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue pose devant du mobilier du cégep

Dany Mercier, directeur général du Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue

Photo : Louis Jalbert

Ne pas avoir les coudées franches pour pouvoir prendre des décisions de gestion, ça nous coupe les ailes.[...] Ça ne nous permet plus de faire face aux situations d'urgence ni de garantir la stabilité des services à long terme.

Je ne sais pas quelle entreprise privée n'a pas de compte de réserve stratégique pour faire face aux imprévus, ajoute M. Mercier.

Un signe de bonne gestion

Avoir un solde de fonds, ce n’est pas faire de la mauvaise gestion, au contraire, insiste de son côté Geneviève Perreault, directrice générale du Cégep de Lanaudière.

C’est qu’on a bien géré notre argent, nos budgets, et qu’on a à coeur de développer [notre établissement]. Et ça requiert de mettre un peu d’argent de côté pour réaliser des projets d’envergure.

La présidente-directrice générale de la Fédération des cégeps, Marie Montpetit, est bien d’accord. Ce sont des outils de saine gestion, ça démontre une grande rigueur financière de la part des cégeps. C'est une forme de prévoyance.

Marie Montpetit en entrevue dans un parc

La pdg de la Fédération des cégeps Marie Montpetit

Photo : Radio-Canada / Paul-André St-Onge

Les surplus ne sont pas vraiment des surplus. C’est vraiment mal connaître la réalité du terrain que de nommer ça de cette façon.

Mme Perreault, du Cégep de Lanaudière, a dû absorber 4,1 millions de dollars des 151 millions de manque à gagner dans le réseau collégial. On a quand même réussi à ne pas couper dans le service direct à l’étudiant, et ça a été grâce au solde de fonds, se réjouit-elle.

Mais elle n’a pas pu ajouter de ressources, malgré une augmentation de sa population étudiante de près de 10 % au cours de la dernière année dans ses trois collèges constituants, à Terrebonne, à Joliette et à L’Assomption.

Mais elle se sait en bonne santé financière, privilégiée même. Ce n’est pas le cas de tout le monde. Tous les cégeps n’ont pas le même solde de fonds. Les plus petits établissements ont certainement connu plus de difficultés que d’autres.

Réponse incomplète du cabinet de la ministre Biron

Interpellé à ce sujet, le cabinet de la nouvelle ministre de l’Enseignement supérieur Martine Biron indique que les surplus cumulés des cégeps résultent de subventions gouvernementales qui n’ont pas été utilisées dans les années précédentes.

Martine Biron, l'air satisfaite, marche dehors.

Martine Biron, nouvelle ministre de l'Enseignement supérieur

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Voilà une réponse bien incomplète qui ne reflète qu’une partie de la réalité, rétorque Dany Mercier, du Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue.

D’une part, une partie des subventions gouvernementales en question sont liées à une cible précise. D’autre part, certaines allocations ministérielles ont été économisées en raison du gel de recrutement, ce qui a un impact non négligeable sur les services aux étudiants.

Mais surtout, il le répète, les soldes de fonds sont en général constitués de revenus autofinancés. Dans son cas, il dégage des revenus notamment grâce à la location de salles de spectacles et de plateaux sportifs, en plus de revenus de cafétéria et de stationnement.

Le cabinet de Mme Biron ajoute que le gouvernement caquiste a, depuis 2018, augmenté de 50 % les subventions du réseau collégial, faisant passer celles-ci de 2G $ à 3G $. La subvention moyenne par étudiant est passée de 11 300 $ à 15 200 $, soit une hausse de 3900 $.

Il dit souhaiter que les établissements d’enseignement collégial terminent l’année à l’équilibre. On les accompagne dans l’identification de solutions, conclut-il par écrit.

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