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Orgo-Life the new way to the future Advertising by AdpathwayPendant longtemps, la crevette nordique, qu’on surnomme la crevette de Matane, était la troisième pêche en importance au Québec. Au moment du déclin de la morue et du sébaste dans le Saint-Laurent dans les années 1980 et 1990, on a mis ces poissons-là sous moratoire. On a alors donné des permis de pêche à la crevette à un bon nombre de pêcheurs. La pêche à la crevette nordique était foisonnante.
Et puis là, ça a diminué graduellement, explique Dominique Robert, professeur en océanographie biologique à l’Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER). Ce déclin s'est vraiment accéléré au début des années 2020, et puis ça nous a amenés vraiment à un seuil critique pour l'ensemble du golfe et de l'estuaire.
Le quota des quatre zones de pêche au Québec est passé de 35 000 tonnes en 2004-2005 à moins de 4000 tonnes en 2024. On parle d'une diminution (de la ressource) d'environ 90 % par rapport à ce qu'on avait il y a 20 ans, précise M. Robert.

Le quota des quatre zones de pêche au Québec est passé de 35 000 tonnes en 2004-2005 à moins de 4000 tonnes en 2024.
Photo : Radio-Canada / L'épicerie
Cet été, à Matane, L’épicerie a rencontré Sandra Gauthier, directrice générale d’Exploramer, un complexe axé sur la sensibilisation et la préservation du milieu marin du Saint-Laurent.
Elle explique les différentes raisons de ce déclin : On parle de réchauffement des eaux profondes, on parle de zones d'époxie – ce sont des zones où, dans les fonds marins, il n'y a plus d'oxygène – et on parle de prédation par le sébaste, poursuit-elle.

Sandra Gauthier, directrice générale d’Exploramer
Photo : Radio-Canada / L'épicerie
Cette rareté de la crevette nordique du Québec n’empêche pas les usines gaspésiennes de la transformer, car si les populations sont menacées dans l’estuaire et dans le golfe du Saint-Laurent, elles se portent bien dans les eaux plus froides de l'Atlantique Nord, au large de Terre-Neuve et Labrador, du Nord-du-Québec, du Nunavut, mais surtout de la Norvège…
Les deux usines de transformation encore en activité en Gaspésie continuent en effet de transformer de la crevette nordique pour notre marché.
Selon le ministère de l’Agriculture, des Pêches et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), 70 % des crevettes nordiques transformées au Québec en 2024 étaient importées.

Pour maintenir leurs activités, les usines de transformation de crevettes en Gaspésie se sont tournées vers la crevette importée.
Photo : Radio-Canada / L'épicerie
On la pêche, on la congèle, on l'envoie au Québec pour la transformation, la cuisson, le décorticage, et puis on la recongèle pour l'amener sur les marchés de consommation. Donc, on a les deux en ce moment sur le marché québécois, explique Sandra Gauthier d’Exploramer.
Cette diversification de l'approvisionnement est indispensable pour la survie des communautés de pêcheurs gaspésiens. Il y a beaucoup de pêcheurs qui ont abandonné, on voit beaucoup de bateaux à vendre, il y a beaucoup de [...] drames humains, on a beaucoup de pêcheurs qui vivent ça de façon très difficile et on les comprend, précise Madame Gauthier.
Dominique Robert, de l’ISMER, renchérit : En fait, du côté des transformateurs, une stratégie importante, c'est la transition. Il faut que ces entreprises-là réussissent à passer de la crevette nordique vers d'autres produits marins. Fermer les portes peut causer vraiment une crise majeure dans les communautés côtières au Québec.

Dominique Robert, professeur en océanographie biologique à l’Institut des sciences de la mer de Rimouski (ISMER)
Photo : Radio-Canada / L'épicerie
Cette conjoncture explique pourquoi il est devenu difficile de trouver de la crevette nordique du Québec sur les étals de nos épiceries. Car si on en trouve encore dans les poissonneries de la Gaspésie, c’est différent dans la plupart des enseignes qui ont adopté des politiques d'achat responsables.
De passage chez Metro, L’épicerie a rencontré Alexandra Leclerc, gestionnaire de la responsabilité et de l’approvisionnement responsable pour l’enseigne. Elle confirme que, pour l’instant, chez Metro, on trouve seulement de la crevette de Norvège congelée.
L’amateur de crevette nordique se trouve donc face au dilemme d'acheter, s’il en trouve, des crevettes locales mais menacées, ou de consommer un produit importé de plus de 5000 km.
La position de Metro, c'est vraiment de permettre ce choix-là, explique-t-elle. Notre programme de traçabilité le permet. Si une personne n'est pas confortable avec cette idée, elle peut se tourner vers d'autres produits québécois.

Pour l’instant, chez Metro, on trouve seulement de la crevette de Norvège congelée.
Photo : Radio-Canada / L'épicerie
Une légère amélioration récente des stocks dans une des quatre zones de pêche de la province pourrait toutefois permettre la remise en vente de crevettes locales chez Metro.
Pour permettre la remise à niveau des stocks, un moratoire sur la pêche à la crevette nordique est-il envisageable? Si la ressource diminue encore plus, ça se pourrait que le ministère des Pêches et des Océans (MPO) instaure un moratoire, ce n'est pas impossible, prédit Dominique Robert de l’ISMER.
Mais du côté du Ministère, on ne parle pas de moratoire. C'est certain que les conditions environnementales qui affectent la crevette présentement sont peu susceptibles de s'améliorer à court terme, mais on ne peut pas prédire le futur, répond Maryse Lemire, directrice de la gestion des pêches du MPO pour la région du Québec. On a l'obligation réglementaire de développer un plan de rétablissement. Notre objectif, c'est de favoriser la croissance du stock pour qu'il remonte au-dessus de son niveau de référence limite, réplique-t-elle.
Si ce n'est plus rentable pour un pêcheur d'aller pêcher la crevette nordique, le moratoire va se faire quand même d'une façon relativement naturelle, rétorque M. Robert. À ce moment-là, il ne pourra plus y aller parce que c'est courir à la faillite.
Pour l’amateur de crevette nordique, le baume est peut-être alors de se tourner vers d’autres espèces locales dont les stocks sont en pleine santé, comme le sébaste et le homard.
Le reportage de Myriam Fehmiu et Isabelle Vallée est diffusé à L’épicerie le mercredi à 19 h 30 et le dimanche à 13 h 30 à ICI TÉLÉ. Le samedi à 17 h 30 et le dimanche à 16 h 30 à ICI RDI.


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